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11 juin 2016
dans la revue littéraire Sarrazine n°16 : JAVA etc
Exploration botanique
Cypridedium javanicum, REINW. ined.
Inédite, ils disent
Trouvé sauvage à Java
Fleur sauvage ils disent
Feuilles tachées de vert et bien plus courtes que la hampe Taches d’encre je l’ai vu ils disent
Sépales veinés de vert Comme un verre de Carrare ils disent
Pétales distinctement maculés de pourpre sur un fond vert Italiennes couleurs ils disent
Roses vers la pointe, bordés de longs cils Et les seins de nos seins ils disent
Labelle d’un vert olive foncé, non veiné Les veines sur le globe ils disent
Le docteur Blume rapporte cette espèce au Venustum Venusium Vesuvium Venustum ils disent
(Sic ! n’est-ce pas Barbatum que l’auteur veut dire ?) Les barbares seront là à nouveau ils disent
Et peut-être avec raison : La raison est faillible ils disent
Mais un dessin de Mr Reinwardt que nous avons sous les yeux Mes yeux aussi ils disent
Ainsi qu’un exemplaire sec de la collection de Lobb (n° 304) Sec très sec et mes yeux secs ils disent
Prouve que la question mérite un nouvel examen La question mérite ils disent
En tout cas, ce que nous venons de dire du C.javanicum Javanicum java plus très bien ils disent
Suffirait pour la caractériser comme variété bien distincte Bien distincte la variété de nos désirs ils disent
Voici tout ce que le Dr Lindley dit de cette espèce Le désir – le désir – ils ne le disent pas
Pascale de Trazegnies Les Junies, octobre 2015
N.B. La description de l’orchidée cypridedium javanicum provient de la collection « Fleurs des serres et des jardins de l’Europe »
(van Houtte, 1845-1855, volume VII)
JA-VA ( la java de l'éclipse )
« Trois petits mecs en java m’ont fauché mon taxi que je l’avais arrêté devant un bal, à Lury, comme par hasard. J’ai eu mon nom dans le journal d’hier soir. Ça m’a fait marrer, à lire ».
(Frédéric Dard dans A. Breffort , Mon taxi et moi )
l y a un truc tu vois qu’on oublie toujours quand on parle de Java c’est le café tu vois parce que le café ne vient pas de Java parce que le caja ne vient pas de Jafé parce que la java ne va pas au café parce que le pouls bat quand ça ne va pas quand ça ne va pas calva car là ça va et la java ne sait pas ça la java s’en fout la java se fout de tout la java c’est un bain un acide un ultime carnaval la java c’est gai c’est drôle c’est au bout du monde la java c’est je sais ça je vais là je java je ne vois pas ce que ça te dit toi tu vois moi ça brûle ça pète ça explose vers des coulées bleues et les laves blanches le vent plus blanc les gens qui pissent sur la lune éclipse justement croissant cornet se fait noir noir – comme le café Java justement ! qui n’existe pas – et roux soudain le cercle descendu sur mon nez en pleine nuit calme et si étirée qu’on dirait que les montagnes sont dedans qu’elles ont caracolé le cul à l’envers avec la tête dans les étoiles mais non je suis con les étoiles n’existent pas elles sont un mirage et je va vers mon rhum en cette nuit obscène et la lune se couvre et la lune me rit et la java je l’oublie et je pense à elle maintenant et elle, elle PULVÉRISE tout, c’est la fête au summum, c’est le fracas de joie si chaud volcan c’est fort explosant un jaillissement vers la lune rousse ou la lune qui m’imprègne et me tue. Et aujourd’hui où j’écris la java la java me fuit me poursuit va tu vois rien de rien de rien de commun ni une surboum une boum une fête une nouba une fiesta une party une galipette une escarpolette une pirouette la java est un serpent qui entre dans l’autre et ressort par devant. Rouge. Rouge sang.
Pascale de Trazegnies Les Junies, octobre 2015