Bibliographie - Extrait

L'Etat de veille, Fixot, 1988

Bibliographie, L'Etat de veille, Pascale de Trazegnies

NOUS ALLONS DOMPTER LE CHEMIN SINUSOÏDAL PARCE QU’IL Y A EN NOUS MAGIE ET GRANDEUR

Voilà ce qui est écrit au canif sur notre front.

Quand tu as gravé ces mots sur mon front, j’ai saigné. A présent, la cicatrice est fermée, mais ça suinte de temps en temps, ça s’infecte.

La moindre poussière que tu remues, et la calligraphie s’entrouvre. Je suis encore fragile. Si une ombre passe sur ton visage à cause de moi, mon front risque de saigner. C’est infime, mais définitif, l’angoisse d’un retour aux jours noirs s’est infiltrée dans mes veines. Je n’y pense pas vraiment, pourtant c’est là. C’est comme si, en moi, sommeillait un virus endormi, un virus qui a pour nom : amertume.

Et toi, tu me dis que c’est TA fragilité.

Tu me dis toujours :

– Tu te trompes, il n’y a pas de rapport de force entre nous. Cette violence physique, c’est en fait ma faiblesse. Je la porte en moi depuis toujours; et maintenant, je la canalise dans les beaux combats. Quand elle ressurgit comme ça, elle est extérieure à moi; je la hais. Si tu as mal, j’ai encore plus mal que toi. Est-ce que tu comprends ça ? Après t’avoir frappée, je suis empreint d’un désespoir intense. Je me sens comme un samouraï qui a usé de sa force pour des futilités. Et je suis anéanti.