Inédits - Alchimie

L’alchimie
L’alchimie n’est pas une doctrine.
L’alchimie n’est pas une croyance.
L’alchimie n’est pas une science.
L’alchimie est un art.
C’est l’art de rechercher l’or.
C’est l’art d’atteindre l’impossible.
C’est l’art de l’humilité.
C’est l’art de la désespérance canalisée vers un but qui toujours se recule.
C’est l’art en soi.

« Je suis celui qui fut le lion vert et doré :
En moi est enfermé tout le secret de l’art ».

Le lion vert

C’est notre mercure
« Sache qu’il est froid et humide et que Dieu a créé tous les minerais à partir de lui et par lui.
Car c’est un élément aérien, fuyant le feu.
Quand une partie de lui est fixée, il accomplit une œuvre sublime et c’est un esprit volatil ».

Le dragon est notre mercure.
« C’est lui, le dragon qui s’épouse lui-même, se féconde lui-même et engendre en son jour, et il tue à l’aide de son venin tous les animaux.
Il ne cesse pas de résister à l’attaque du feu, mais se nourrit de lui. »

Le frère, la sœur, le mercure, trois choses.
« Je suis le secret tout entier et en moi est cachée toute la science, car je change les corps en soleil et en lune ».

              (Rosarium philosophorum, XVIIéme siècle)

Représentations du lion vert 

"Le lion vert dévorant le soleil"

L’Oeuvre au rose

L’alchimie m’a toujours enchantée.
Il y a quelque temps, j’ai écrit une pièce alchimique. alchimique et
pornographique : « L’Oeuvre au rose » *
Remarquée par Pascal Quignard – à l’époque chez Gallimard – , elle
n’a jamais été représentée.
C’est pudique et provocant.
Huis clos d’un couple.
Huis clos d’une nuit magique et tragique.
Les acteurs doivent être nus.
J’attends le metteur en scène iconoclaste et inspiré.
Personnellement, j’aime beaucoup ce texte. Certaines pages me
font rire, certaines me font pleurer.
Extrait :
Lui

Quand tu chantes, c’est très émouvant 

Elle

Quand je chante, je ressens parfois les mêmes sensations qu’en faisant l’amour. Ça paraît banal de dire ça. Pourtant je peux t’en parler de l’intérieur. Il y a comme un envol. Un dédoublement de la conscience. On acquiert des mécanismes instinctifs: l’esprit ne commande plus au corps. Le corps suit son chemin tout seul et l’on éprouve une sensation d’allégresse intense en observant l’aisance de son corps. C’est ça que j’appelle un dédoublement de conscience.

Et puis la notion de paix. Le sommeil ne me procure pas la paix. Il représente un tunnel d’angoisses. Il est le monde de l’inconnu. Il est tentant, frémissant, j’ai avec lui des rapports amour haine. Mais j’ai remarqué que seul faire l’amour me procurait un sentiment de paix. Et quand je chante, j’accède au même stade. Annihilation des guerres. Degré zéro. Où l’on atteint l’immuable, l’intangible, où les valeurs contingentes ont perdu toute importance. Dans ces moments privilégiés, j’ai le sentiment d’embrasser non pas LA vérité, mais une vérité. Tout le reste me paraît accessoire, l’or, la myrrhe, l’encens … les honneurs, les fleurs … la sociabilité, la respectabilité, la souveraineté … encore que l’or soit un accessoire privilégié… mais il n’est qu’accessoire.

Lui

Tu aimes l’or !

Elle

Oui j’aime l’or. J’aime l’or pour me vautrer dedans. A la limite, c’est la seule chose qui m’intéresse. Grimper dessus, monter dessus, baiser dessus. M’en foutre dans les oreilles, dans la bouche, partout, entre les jambes, puis le recouvrir de sperme. Parce qu’il ne mérite pas qu’on lui attache plus d’importance qu’il n’en a.

Merci à ceux qui me suivent

*Le titre et le texte sont protégés