Inédits - Erotisme
Alors que nous parlions des lieux communs, Bénazeraf me dit : – C’est comme à la fin d’un dîner, quand quelqu’un lance la discussion sur la différence entre érotisme et pornographie.
J’aurais envie de citer Robbe-Grillet : La pornographie est l’érotisme des autres.
L’ « érotisme » est souvent une façon convenable de décrire ce qui est « pornographique ».
Etymologiquement, il y a une grande différence.
L’érotisme, utilisant la racine Eros, dieu de l’amour, est évidemment lié à la notion d’attirance personnelle, de personnalisation du sujet-objet du désir, et donc pour l’opinion bien-pensante est tolérable parce qu’il respecte l’autre.
La pornographie, littéralement « écrit de prostitué(e) », implique une notion vénale, donc à priori froide et déshumanisée.
Pourtant tout le monde sait que les deux peuvent se confondre, des relations dites pornographiques peuvent générer du sentiment (parfois plus pudiquement exprimé, voire insaisissable), et des relations dites érotiques, au lieu d’être douces et voluptueuses, peuvent être d’un grand cynisme.
Ces deux concepts seraient ainsi presque interchangeables, et parfois quand un texte ouvre des brèches dans l’impudeur, qu’il touche – de façon forcément crue – au secret le plus intime de l’être humain, je préfère utiliser le terme de pornographique.
Et au diable la notion de prostitution ! Nous (vous) sommes tous des prostitués de quelqu’un, de quelque chose, ou nous l’avons été, ou nous pourrions l’être.