Inédits - Erotisme

Erotisme et Obscénité

L’obscénité est une notion bien étrange. Très mal analysée, à partir d’une mauvaise lecture étymologique qui expliquerait obscène par « obscenus », soit de mauvais augure (parce que ça vient sur la gauche.*

alors qu’ obscène vient d’obscenus = devant la scène (ob signifiant « devant » dans son premier sens).

Ce terme est intéressant parcequ’il ne s’applique pas qu’au sexe.

Devant la scène, plus bas que la scène, à côté de la scène, c’est donc une représentation non prévue, anarchique, contestataire. Elle se produit en dehors de l’esprit qui préside à la représentation, soit de façon sauvage, soit de façon institutionnelle, j’imagine, comme un contrepoint, un contre-champ.

Une notion passionnante.

Certaines juxtapositions de l’esprit, malsaines, dérangeantes, choquantes, sont sans arrêt sous nos yeux. D’autant plus à notre époque de prédominance de l’image. L’obscénité est partout dans le temps.

Mais ne la réservons pas à la sexualité. Et l’appréciation de l’obscénité tolérable est tout à fait relative, personnelle.

Un geste, une attitude, un propos surgit soudain dans un acte érotique, qui nous parait déplacé.

Soit il nous braque…

Soit il nous attire…

La limite sur la crête de l’obscénité est parfaitement variable et la qualification d’obscénité devrait toujours être dictée avec réserve.

Méduse - Pascale de Trazegnies
Dante et les Erinyes (les furies) "Détournes-toi, tiens fermées tes paupières: si Gorgone paraît, si tu la vois, l’espoir de remonter sera perdu." (Dante, la Divine Comédie, l'Enfer/ dessin de S.Giacomelli)

*en se basant sur le fait qu’obscenus s’écrivait aussi « obscaenus », créant une confusion avec « ob-scaevus » (scaevus veut dire « gauche »):